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Date de création : 28.11.2009
Dernière mise à jour : 21.12.2009
10 articles


Romans - thème fictif vie quotidienne

[ 9 ] La Valse Lente des Tortues - Katherine PANCOL

Publié le 19/12/2009 à 15:39 par jean-paul-il-lisait-quoi Tags : la valse lente des tortues katherine pancol
[ 9 ] La Valse Lente des Tortues - Katherine PANCOL

La Valse Lente des Tortues est la suite des Yeux Jaunes des Crocodiles.

Joséphine et Iris sont de retour. Le livre a chamboulé leurs amours, leurs amitiés, leur lien fraternel, et plus que cela, leur vie. Les soeurs et les autres personnages sont de retour pour une histoire riche en rebondissement, où Joséphine se retrouve face à ses choix et doit s'affirmer. Ce livre offre encore plus de rebondissement que son premier tome: amours, amitiés, haines, mensonges, trahisons, crimes, Katherine Pancol nous offre une intrigue riche en rebondissements qui nous pousse au fond de l'âme de ses personnages, et dans la peur du tueur qui leur tourne autour...

¤

"Elle n'entendit pas la porte du local s'ouvrir derrière elle.

Penchée au-dessus de la grande poubelle grise, pestant au sujet d'Iphigénie, sa robe de chambre Damart ouverte sur sa chemise de nuit rose, elle se sentit attirée violemment en arrière, reçut un premier coup dans la poitrine, puis un autre, et un autre.

Elle n'eut pas le temps de crier, d'appeler à l'aide. Elle tomba en avant, sur la poubelle. Son long corps de vierge sèche s'affala sur le couvercle puis heurta une autre poubelle avant de s'effondrer sur le sol. Elle pivota sur elle-même, se laissa tomber comme une chiffe molle. Elle pensa qu'elle n'avait pas encore tout dit, qu'il y avait encore beaucoup de gens dont elle connaissait les secrets honteux, beaucoup de gens qui pourraient la détester, et elle aimait tellement qu'on la déteste car on ne déteste pas les faibles, n'est-ce pas, on ne hait que les puissants.

Couchée sur le sol, elle aperçut les chaussures de l'homme qui s'acharnait sur elle, de belles chaussures d'homme riche, des chaussures anglaises, arrondies au bout, des chaussures neuves, aux semelles lisses qui lançaient des éclairs blancs dans la nuit. Il s'était baissé et la poignardait en cadence, elle pouvait compter les coups et cela faisait comme une danse, elle les comptait pendant qu'ils s'abattaient sur elle, ils se mélangeaient dans son esprit avec le sang dans sa bouche, le sang sur ses doigts, le sang sur ses bras, le sang partout. Une vengeance? Se pourrait-il qu'elle ait vu juste: tous empêtrés dans des secrets trop lourds pour eux?

Elle se répandait lentement sur le sol, les yeux fermés, se disant oui, oui, je le savais, tous quelque chose à cacher, et même cet homme si beau qui pose en slip sur les panneaux publicitaires. Un bel homme brun à la mèche romantique. Qu'il lui plaisait! Fort et fragile, proche et distant, magnifique et absent. Avec une fêlure qui le mettrait à sa merci. L'oncle lui avait raconté la fêlure. Il connaissait tout le moyens de posséder les gens. Tout le monde a un prix, disait-il, tout le monde a une blessure. Bien sûr, il était plus jeune qu'elle, bien sûr il ne la regarderait pas, mais cela ne l'empêchait pas de s'endormir en rêvant qu'il devenait son obligé, qu'elle devenait sa confidente, qu'il l'écoutait et que, peu à peu, des liens se tissaient entre eux, le mannequin et la vieille fille. L'oncle possédait des fiches sur lui: plusieurs arrestations en état d'ivresse ou sous l'emprise de stupéfiants. Insultes à agent, troubles sur la voie publique. Il a une gueule d'ange, mais se conduit comme un voyou, ton ami. Oh, si seulement, il pouvait être mon ami! s'était-elle dit, la confidence au bout des lèvres.

Elle avait appris son nom, son adresse, l'agence, galerie Vivienne, pour laquelle il travaillait. Mais surtout, elle avait appris son secret. Le secret de sa vie, de sa double vie. Elle n'aurait peut-être pas dû lui envoyer cette lettre anonyme. Elle avait été imprudente. Elle était sortie de son univers. Son oncle lui disait toujours de choisir sa cible avec discernement, de se garder du danger.

Savoir se garder. Elle avait oublié.

Elle se laissa glisser lentement dans la douleur, puis une douce inconscience, une mare de sang chaude, gluante. Elle aurait aimé se retourner pour voir le visage de son agresseur, mais elle n'en eut pas la force. Elle remua un doigt de la main gauche, sentit le sang visqueux, épais, son sang à elle. Elle se demanda se peut-il qu'il m'ait identifiée après avoir reçu la lettre? Quelle faute ai-je commise pour qu'il me retrouve? J'avais pris soin de ne pas laisser d'empreinte, d'aller la poster à l'autre bout de Paris, j'avais acheté des journaux que je ne lis jamais pour découper les mots. Je ne poserai plus jamais mes lèvres sur ses photos. J'aurais dû avouer cette ferveur à mon oncle. Il m'aurait mise en garde: "Sibylle, garde ton calme, c'est ton problème, tu ne sais pas te maîtriser. Les menaces se distillent en douceur. Plus tu restes modérée, plus l'impact est fort. Si tu t'emportes, tu ne fais plus peur à personne, tu révèles ta faiblesse." C'était une autre de ses devises. Elle aurait dû écouter son oncle. Il parlait comme la Bible.

Alors, s'étonna-t-elle, on peut continuer à penser si près de mourir? Le cerveau marche encore alors que le corps se vide, que le coeur hésite à battre, que le souffle s'épuise...

Elle sentit l'agresseur la pousser du pied, rouler son corps inerte, derrière la grosse poubelle, celle du fond qu'on ne sortait qu'une fois la semaine. Il la poussait et la tassait au fond du local pour la cacher, l'enroulait dans un bout de moquette sale pour qu'on ne la découvre pas tout de suite. Elle se demanda qui avait déposé cette moquette, pourquoi elle traînait là. Encore une négligence de cette incapable de concierge! Les gens ne font plus leur métier, ils veulent les primes et les vacances, mais ne veulent plus se salir les mains. Elle se demanda au bout de combien de temps on la retrouverait. Pourrait-on déterminer l'heure exacte de sa mort? L'oncle lui avait expliqué comment on faisait. La tache noire sur le ventre. Elle aurait une tache noire sur le ventre. Elle heurta une canette qui roula contre son bras, respira un sachet vide de cacahuètes, s'étonna encore de rester consciente même si toute sa force se vidait avec son sang. Elle n'avait plus le courage de résister.

Etonnée, étonnée et si faible.

Elle entendit la porte du local à poubelles se refermer. Ca fit un crissement rouillé dans le silence de la nuit. Elle compta encore trois battements de coeur avant de pousser un petit soupir et de mourir. "

[ 8 ] Les Yeux Jaunes des Crocodiles - Katherine PANCOL

Publié le 19/12/2009 à 11:49 par jean-paul-il-lisait-quoi Tags : yeux jaunes des crocodiles katherine pancol
[ 8 ] Les Yeux Jaunes des Crocodiles - Katherine PANCOL

Deux soeurs, Iris et Joséphine. Iris, magnifique, avec ses cheveux d'un noir de jeai et ses yeux bleus hypnotiques, envoûte les personnes. Tout le monde l'aime, il ne peut en être autrement. Indépendante, ambitieuse, marié à un brillant avocat, elle aime sa vie de jeune bourgeoise, entourée de ses meilleures amies: Prada, Gucci, Chanel... Sa soeur, Joséphine, est l'extrême opposée. Petite, quelques kilos en trop, une vie à économiser chaque sous à l'heure où son mari part avec la pédicure. Réservée, serviable, elle ne sait pas dire non, elle s'efface face aux autres, face à sa mère, sa terrible mère, et se réfugie auprès du Moyen-Âge et des étoiles.

Un jour, l'ambitieuse Iris a un projet: elle veut écrire un roman à succès. Tout est en place: le nom, la notoriété, l'éditeur. Tout sauf une chose: le talent. Et du talent, Joséphine en a. Quand Iris lui demande son aide, Joséphine ne peut la lui refuser. Mais à quel prix? Peut-on ressortir indemne d'un mensonge aussi énorme? Joséphine va-t-elle rester à la coupe de sa soeur?

¤

" Iris but une gorgée de café et, posant ses grands yeux bleu-violet sur sa soeur, commença:

- Tu te souviens de ce coup de bluff d'un soir où j'ai prétendu que j'écrivais un livre?

Joséphine, muette, hocha la tête. Les yeux d'Iris lui faisaient toujours le même effet: elle était hypnotisée. Elle aurait voulu lui demander de détourner légèrement la tête, de ne pas la fixer de cette manière, mais Iris enfonçait son regard profond et presque noir d'intensité dans celui de sa soeur. Ses longs cils ajoutaient une touche de gris ou d'or selon la lumière qu'ils captaient en s'abaissant ou en s'écarquillant.

- Eh bien, je vais écrire!

Joséphine sursauta, étonnée.

- Ben, c'est plutôt une bonne nouvelle.

- Ne me coupe pas, Jo, ne me coupe pas! Crois-moi, j'ai besoin de toutes mes forces pour te dire ce que j'ai à te dire parce que ce n'est pas facile.

Elle prit une profonde inspiration, recracha l'air avec irritation comme s'il lui avait brûlé les poumons et continua:

- Je vais écrire un roman historique sur le XIIème siècle comme je m'en suis vantée ce soir-là... J'ai téléphoné à l'éditeur, hier. Il est enchanté... Je lui ai filé, pour l'appâter, les quelques anecdotes que tu m'avais gracieusement soufflées, l'histoire de Rollon, de Guillaume le Conquérant, de sa mère lavandière, les "banalités" patin couffin, j'ai fait une sorte de salmigondis de tout ça et il a eu l'air subjugué! Tu peux me faire ça pour quand? il a demandé... J'ai dit que je n'en savais rien, mais rien du tout. Alors il m'a promis une grosse avance si je lui filais une vingtaine de pages à lire le plus vite possible. Pour voir comment j'écris et si je tiens la longueur... Parce que, m'a-t-il dit, pour ces sujets-là, il faut de la science et du souffle!

Joséphine écoutait et opinait en silence.

- Le seul problème, Jo, c'est que je n'ai ni science ni souffle. Et c'est là que tu interviens.

- Moi? dit Jo en posant le doigt sur sa poitrine.

- Oui... toi.

- Je vois pas très bien comment, sans vouloir te vexer...

- Tu interviens parce que, toutes les deux, on passe un contrat secret. Tu te souviens... quand on était petites et qu'on faisait le serment du sang mêlé?

Joséphien fit oui de la tête. Et après, tu faisais ce que tu voulais de moi. J'étais terrorisée à l'idée de rompre le serment et de mourir sur-le-champ!

- Un contrat dont on ne parle à personne. Tu m'entends? Personne. Un contrat qui sert nos intérêts à toutes les deux. Toi, tu as besoin d'argent... Ne dis pas non. T'as besoin d'argent... Moi, j'ai besoin de respectabilité et d'une nouvelle image... je ne t'explique pas pourquoi, ça deviendrait trop compliqué et puis je ne suis pas sûre que tu comprendrais. Tu ne pigerais pas l'urgence dans laquelle je suis.

- Je peux essayer si tu m'expliques, proposa timidement Joséphine.

- Non! Et puis je n'ai pas envie de t'expliquer. Alors ce qu'on va faire est très simple: toi tu écris le livre et tu récoltes l'argent, moi je le signe et je vais le vendre à la télévision, à la radio, dans les journaux... Tu produis la matière première, moi j'assure le service après-vente. Parce que aujourd'hui, un livre, ce n'est pas tout de l'écrire, il faut le vendre! Se montrer, faire parler de soi, avoir les cheveux propres et brillants, être bien maquillée, avoir une allure, laquelle, je ne sais pas encore, se faire photographier en train de faire son marché, dans sa salle de bain, main dans la main avec son mari ou son ami, sous la Tour Eiffel, est-ce que je sais? Plein de choses qui n'ont rien à voir avec le livre mais qui en assurent le succès... Moi, je suis très bonne pour ça, toi tu es nulle! Moi, je suis nulle pour écrire, toi tu excelles! A nous deux, en réunissant le meilleur de chacune, on fait un malheur! Je te répète: pour moi, ce n'est pas une question d'argent, tout l'argent te reviendra.

- Mais c'est une escroquerie! protesta Joséphine.

Iris la regarda en sifflant d'exaspération. Ses grands yeux balayèrent Jo d'un coup de cils exaspéré, elle haussa les sourcils puis revint plonger à nouveau dans le regard de sa soeur comme un oiseau de proie.

- J'en étais sûre. Et en quoi c'est une escroquerie puisque tout l'argent te revient? Je ne garde pas un centime pour moi. Je te donne tout. Tu m'entends, Jo? Tout! Je ne t'escroque pas, je te donne le truc dont tu as le plus besoin en ce moment: de l'argent. Et, en échange, je te demande un tout petit mensonge... même pas un mensonge, un secret. "

 

 

(SUITE: La Valse Lente des Tortues)